Il s’agit de celle d’un neuro-psychologue américain Plutchik, qui a fait de nombreuses études sur les émotions.
Premier point : les temps de réaction de notre cerveau :
Le cerveau a des temps de réaction très variables. On remarquera sur le graphique ci dessous qu’un signal émotionnel inconscient est transmis par nos sens via une plaque tournante que l’on appelle le “Thalamus”, à des centres nerveux particuliers du cerveau (les centres amygdaliens) qui sont responsables des réactions de peur, de colère et de déclenchement d’émotions, et des réactions physiologiques correspondantes notamment de sauvegarde de l’individu.
Au contraire une réaction logique et sensée de la pensée n’est possible qu’au bout de quelques secondes.

Il est donc normal qu’en matière de perception notre cerveau ait d’abord une perception immédiate instantanée d’ordre affectif, et que ce ne soit qu’ensuite, qu’il puisse analyser et interpréter logiquement les sensations.
Toutefois cette sensibilité de perception instantanée émotive est variable en durée et en intensité selon les individus.
Certaines personnes auront une grande sensibilité de longue durée, (une dizaine de seconde) et d’autres une faible sensibilité émotive et de courte durée, (quelques secondes) qui cèdera rapidement le pas à la perception orientée normale par notre cerveau frontal, qui réfléchit et pense.
Deuxième point : Cycle "perception, décision, action" de Plutchik

Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on commence à réfléchir, à avoir un comportement rationnel et à prendre une décision, qui entraîne l'action.
Le déroulement courant du cycle est celui représenté par les grandes flèches (C). Mais on peut obliger un individu ou un groupe à passer directement de la perception affective à l’action. On obtient alors des comportements violents ou émeutiers (V). Un individu peut, dans certaines circonstances, inverser lui même le sens du cycle.
Des meneurs reçoivent une formation spéciale pour leur enseigner à inverser le sens du cycle et donc du comportement d'un groupe, en le "gavant" d'affectif" et en l'empêchant de réfléchir.
Un meneur qu’on l’ait entraîné à le faire, ou qu’il ait appris cela par expérience sur le terrain peut ainsi avoir action sur un groupe ou une foule et les mener jusqu’à la violence ou à l’émeute.
Il faut pour cela un discours purement affectif, ne faisant appel qu’à la sensibilité immédiate, en se servant des mécontentements et des désirs, en faisant peu à peu monter la pression affective, et surtout en empéchant les cerveaux de réfléchir rationnellement, et inciter à passer à l’action sans justement prendre le temps de percevoir et réfléchir pour décider.
A l’inverse pour calmer de manifestants ou un groupe qui n’est pas encore engagé dans la violence, il faut s’efforcer de le sortir de son circuit émotionnel pour le faire réfléchir rationnellement aux véritables causes et conséquences de ses mécontentements et souhaits en essayant de les ramener à des faits, à des évaluations précises, en excluant le plus possible sentiments et émotions.
J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de tester ces méthodes dans les deux sens et je peux vous assurer qu’elles sont efficaces, pas totalement parce qu’elles sont difficiles à appliquer, mais agissent sur la plupart des individus.
Il m’est arrivé notamment de discuter avec un groupe de jeuen et de leur montrer ainsi comment ils se faisaient entraîner par leurs meneurs qui les manipulaient, et le pouvoir de ceux ci sur le groupe a fortement diminué après cette initiation.
“Démoutonniser” un groupe, c’est lui apprendre à se servir de son cortex plus que de son cerveau émotionnel et à réfléchir avant d’agir !!
De même, lorsque nous sommes stressés ou en colère, si nous passons directement de l'émotion à l'action (en parole ou en acte), nous nous emportons à dire ou à fairedes choses regrettables.
Ma grand mère me disait souvent
“Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de dire une chose désagréable, elle ne se coincera jamais et tu changeras sans doute ton discours et cela t’évitera bien des ennuis”.
Elle avait raison et pourtant elle ne connaissait pas Plutchik !