
Lorsque j’ai fait l’article sur le bac et l’après bac et notamment la fac et les prépas, je ne m’attendais pas à recevoir autant de commentaires et surtout autant de mails.
Cela m’a fait très plaisir d’avoir ainsi votre avis.
Je suis d’accord avec tout ce que vous me dites, qui est très varié et complète mes propos.
Je vais donc essayer de résumer ce dont vous m’avez fait part, en citant aussi quelques phrases que vous retrouverez dans les commentaires.:(pour des raisons de discrétion, je préfère faire la citation prise dans un commentaire plutôt que dans un mail, puisqu’elle est déjà lisible par tous et qu’on en connaît l’auteur).
Je remercie tous ceux qui m’ont ainsi écrit et ont eu le courage de se critiquer eux mêmes, car ce n’est pas évident de savoir reconnaître ses erreurs (cela aussi fait partie de l’intelligence !)
En premier, beaucoup d’entre vous sont d’accord pour dire que le problème vient d’abord des études avant le bac, au cours desquelles on ne retient pas assez les notions dont on aura besoin ensuite, on n’acquiert pas assez la pratique correspondante, ni des méthodes de travail, et par ailleurs pour des raisons complexes, ni l’ardeur au travail ni la motivation.
Pourquoi cela.
Certes il y a toujours quelques mauvais profs, comme il y a partout des personnes mal adaptées à leur emploi, mais vous ne critiquez que peu vos profs et j’en ai été agréablement surpris.
Vous mettez davantage en cause les méthodes actuelles, et le fait que certaines connaissances ne sont pas acquises, ne sont pas assimilées, qu’on ne fait pas faire d’exercices pratiques, le fait que l’on ne vous donne pas de méthodes pour travailler et que vous ne voyez pas l’utilité de ce que vous apprenez.
Finalement vous estimez que avant le bac, vous manquiez de motivation, vous avez pu réussir sans travailler beaucoup, vous avez pris l’habitude d’avoir de nombreuses autres activités et finalement vous êtes très mal préparés à l’effort qu’il va falloir faire dans le supérieur.
Beaucoup d’entre vous disent aussi, que bien que vos parents soient instruits, ils ne vous ont que peu aidé(e)s dans vos études et même vous ont en général peu surveillé(e)s, ce qui a facilité votre dispersion d’activité au détriment du travail.
Je cite quelques lignes qui m’ont frappées :
“ Le problème ne se situe pas à mon avis en fac mais bien en amont.
Il suffit de demander aux professeurs de collège : le nombre de devoirs faits est de plus en plus faible, les leçons ne sont plus apprises. Et l'abandon des devoirs en primaire n'a, je pense, pas arrangé les choses.
De plus, que fait un écolier maintenant quand il rentre de l'école ? : c'est l'ordinateur, c'est msn, ... et parfois les devoirs, vite faits pour dire qu'ils sont faits (quand ils le sont). “
“' Jai eu mon bac S avec mention AB (13,78/20) et ce, sans réellement bosser
J'avais énormément de facilités, et du coup, vraiment inutile pour moi de bosser pour avoir de bonnes notes au lycée.
La suite... je me suis planté en première année de fac (médecine justement) au bout de 3-4 mois, pas l'habitude de bosser dur et régulièrement et beaucoup de mal à tenir plus de 3h à étudier mes cours......”
“ On ne nous a jamais appris le travail personnel. Jusqu'ici, les cours suffisaient, et on a aucune envie de faire plus d'efforts après le bac qu'avant.
Nous sommes une génération de dillétantes. Sans doute parce qu'il y a tellement "mieux" à faire qu'étudier : sortir, surfer sur le net, faire de la musique... Et que le travail scolaire reste une contrainte. Tant que personne ne nous force à travailler, on ne le fait pas.....”
“Pour ma part, si on ne me disais pas concrètement le pourquoi du comment d'une formule en maths ou un exercice en physique, je décrochais car je n'en voyais pas l'utilité. Balancer des formules à tout va sans nous expliquer, je n'en vois pas l'intérêt et malheureusement peu de prof prennent le temps de nous démontrer l'utilité d'une formule.
Je sais que la culture générale ne se base pas que sur des trucs utiles, cependant je pense que les programmes sont mal fait dans le sens où on ne met pas l'accent sur les choses qui vont vraiment servir pour le "commun" des mortels de se qui est superflu.”
Je voudrais essayer de réfléchir plus avant sur ce que vous me dites des études pré-bac, en pensant à ce que j’ai connu pour moi, puis pour mes enfants et en cherchant qu’elle a été l’évolution.
Je crois que plusieurs phénomènes y contribuent :
- d’abord la situation économique et le chômage. Autrefois on trouvait facilement du travail si on faisait des études sérieusement et donc les diplômes étaient plus cotés. Et nos parents et nos professeurs nous avaient fait comprendre que nous travaillions pour préparer notre vie future, notamment professionnelle, mais également sociale et de loisirs par la culture générale que l’on allait acquérir.
- nos parents et nos prof nous avaient convaincus que nous n’avions au départ qu’un "potentiel" d’intelligence, mais qu’il nous fallait le développer, acquérir cette promesse, car seule l’instruction et les exercices de l’esprit que l’on nous faisait faire, les lectures qu’on nous conseillait, étaient capables de la développer, cette intelligence potentielle.
- les professeurs avaient beaucoup plus de latitude dans leur enseignement et cherchaient à nous intéresser. Dans le primaires tous les exercices avaient des applications pratiques de tous les jours et mon grand -père en CM2 m’avait appris les triangles semblables (aujourd’hui on préfère les appeler savamment “isométriques”) et les proportions en utilisant une baguette en bois de 1,50 mètres pour mesurer à distance la hauteur de tous les arbres du jardin.
Dans le secondaire ils essayaient de nous montrer des expériences, ou des “travaux pratiques” montrant l’application des cours. Le latin était difficile au début, mais on nous faisait traduire des descriptions de la vie romaine et notre prof amenait des illustrations, des livres de musées qui l’illustraient.
- nous avions beaucoup d’exercices de devoirs à faire. C’était contraignant mais on prenait l’habitude de travailler et cela aidait à retenir et comprendre les applications des cours. Maman vérifiait tous les jours mon “cahier de textes” sur lequel on copiait devoirs à faire et leçons à apprendre et si j’avais fait mon travail suffisamment en avance et cela jusqu’en seconde (mais je n’avais que 13 ans).
- pas d’ordinateur, pas de télé, pas de CD ni DVD, pas de chaîne stéréo ni d’instrument de musique autre que le piano ou le violon pour les plus aisés,
Donc pas de MSN ni de Facebook. Donc pas de tentations; nos occupations c’étaient le sport, les études et les discussions avec les copains.
Nous étions donc attentifs en classe et heureux d’apprendre, ce qui pour les professeurs (que par ailleurs nous respections et que nos parents soutenaient), facilite grandement leur tâche.
- les programmes étaient plus importants, notamment en français et auteurs classiques, mais cela nous formait aussi l’esprit. On nous faisait apprendre beaucoup presque par coeur, mais cela formait la mémoire et j’ai encore beaucoup de souvenirs de ce que j’ai appris entre 6 et 15 ans.
- il y avait peu d’élèves dans le secondaire et à peine 20% des élèves arrivaient jusqu’au bac général. Les autres poursuivaient dans des études pratiques ou en apprentissage après 16 ans. Le niveau était donc meilleur et de plus on répartissait les élèves dans les diverses mêmes classes par niveau de leurs notes. C’était certes élitiste, mais cela permettait de mieux enseigner aux plus doués et pour ceux qui l’était moins, d’aller à leur rythme et d’avoir des cours collectifs de rattrapage par petis groupes.
Cela favorisait la concurrence entre élèves de niveaux voisins et personne ne pouvait se permettre de réussir sans travailler, parce qu’il avait des facilités. Par contre on aidait ceux qui en avaient moins pour qu'ils réussissent quand même.
Je crois que mélanger les élèves de niveau différents est certes louable, au plan idéologique pour éviter une ségrégation, mais je pense que c’est une mauvaise chose, car cela fait que les plus doués n’ont rien à faire pour suivre, et les moins doués ne suivent pas non plus, ce qui est une ségrégation pire encore. En plus on veut absolument avoir plus de 80% de reçus au bac quelque soit le niveau moyen, ce qui risque de faire baisser le niveau de l'examen et par ailleurs on manque d'ouvriers qualifiés ou de professionnels dans certains métiers.
L’article est assez long pour aujourd’hui, et je poursuivrai demain en parlant de vos idées sur les études après bac, en fac ou en prépa.