
On me demande ce que je pense de l'affaire de la viande "halal" qui a fait l'objet d'une polémique entre Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Je voudrais d'abord rappeler ce qu'est à l'origine le rite "halal".
"Halal" désigne ce qui est autorisé par le Coran, qui interdit de manger une bête morte, blessée ou assommée. Pour faciliter l'application de ce précepte, les animaux doivent donc être saignés vivants. C'est en fait une précaution sanitaire, car au septième siècle, il n'y avait pas de frigidaire pour conserver la viande et dans les pays du sud, il fait chaud et la viande s'avarie vite.
D'ailleurs pour la même raison c'est aussi une coutume juive (casher).
Evidemment les prêtres, pour faire respecter la règle ont rajouté des aspects religieux : on doit réciter des prières tandis que la tête de la bête abattue doit être tournée vers la Mecque.
Il est certain que de nos jours, la prescription d'hygiène n'aurait pas lieu d'être, car il y a les chambres froides, mais c'est resté une coutume religieuse musulmane.
Certains abattoirs ont reçu l'autorisation de pratiquer ce type d'abattage, car au plan sanitaire, il vaut mieux que les bêtes soient abattues dans des locaux spécialisés que chez des particuliers, qui veulent pratiquer leur religion.
Cela dit il s'agit bien d'une polémique politique.
Au plan des faits il semble bien :
- que les cinq abattoirs de l'Ile de France abattent toute leur viande selon le rite Halal.
- que leur production est faible par rapport à la consommation globale de l'Ile de France qui "importe" de province une grande partie de sa consommation.
- que néanmoins il semble qu'en France on abatte 32% des bêtes selon le rite halal, alors que la consommation pour des raisons religieuse n'est que de 7% au maximum.
- que la traçabilité n'est pas bonne car il n'y a pas de contrôle autre que celui des abattoirs eux mêmes, et seule une partie de la viande en cause est étiquetée "halal". Mais les abattoirs ont intérêt à utiliser ce procédé moins cher, car, passer d'un procédé à un autre, implique des procédures coûteuses de nettoyage.
- finalement ce que l'on reproche surtout, c'est que toute la viande abattue selon ce rite ne soit pas étiquetée et donc déclarée comme telle chez le boucher, pour que le consommateur puisse choisir (s'il en a la possibilité car le boucher ne vend pas forcément de la viande conventionnelle).
Au plan sanitaire il ne semble pas y avoir de problème important si l'abattage est fait dans de bonnes conditions, la bête étant immobilisée et ne risquant pas de souiller ensuite la viande.
Par ailleurs les contrôles sanitaires sont les mêmes pour tous les types de viande.
Mais ce n'est pas non plus une viande de meilleure qualité; Les grandes surfaces la vantent car elle est moins chère et donc plus concurrentielle.
Sauf pour ceux qui ont des raisons religieuses, le problème de la viande halal n'est donc comme d'habitude qu'une histoire de gros sous.
A titre personnel, et au plan culinaire, j'avoue que pourvu qu'elle soit saine et goûteuse, je me moque que la viande soit halal ou non.
Je préférerais que les politiques s'occupent davantage de lutter contre le chômage que de perdre du temps sur ce problème.
J'ai par contre une certaine réticence qui me vient de mon enfance. A cette époque, les paysans des Pyrénées abattaient les cochons en les saignant vivant car ils recueillaient le sang pour faire du boudin.
Et j'ai le souvenir de ces pauvres bêtes qui poussaient pendant dix minutes des cris déchirants de plus en plus faibles au fur et à mesure qu'elles se vidaient de leur sang. Cette agonie atroce me scandalisait et me fait encore frémir.
J'avoue que je préférerais qu'on assomme les bêtes avant de les saigner pour ne pas les faire souffrir.
Mais après tout, on n'oblige pas les pécheurs à attraper les poissons avec un nœud coulant plutôt qu'avec un hameçon !!
Dommage, la pêche serait moins monotone. Voilà un projet de loi qui devrait plaire à Sarkozy, lui qui veut avoir une idée tous les jours (et on vérifie plus tard si c'est pertinent, quand on a le temps !!).