
Je vous parlais hier de la gestion des risques et des apparences trompeuses de certaines statistiques, véhiculées par les médias en quête de sensationnel.
L'ignorance et l'incertitude entretiennent la rumeur et les craintes irrationnelles. Il est difficile de se faire une opinion quand on n'a pas de certitude, quand on n'a pas de réponse
précise aux questions que l'on se pose, et qu'on lit des informations contradictoires, notamment dans ce qui touche à notre santé.
C'est le cas des effets sanitaires des champs électromagnétiques qui préoccupe le public du fait de la proximité et de l'omniprésence des sources d'exposition à ces champs.
Ces craintes sont-elles justifiées ou non?
Avant de parler de la wi-fi et des téléphones portables, examinons un problème bien plus ancien : les lignes à haute tension.
De nombreuses personnes à la campagne, habitent en effet à proximité de telles lignes, qui produisent des champs magnétiques importants à des fréquences basses (environ 50 hertz).
Certes des champs électriques peuvent produire dans notre corps des courants
très intenses qui pourarient provoquer des contractions musculaires incontrôlables ou des troubles du rythme cardiaque.
Mais de tels effets ne peuvent apparaître pour les intensités des champs auxquels nous sommes exposés dans la vie quotidienne.
Pour des intensités plus faibles, mais toujours beaucoup plus importantes que les intensités usuelles, ces courants peuvent déclencher l'apparition de taches lumineuses dans le champ visuel, mais, là encore, de telles intensités ne sont pas celles auxquelles on peut être exposé en conditions normales, à proximité d'une ligne à haute tension.
On peut déduire des nombreuses études scientifiques disponibles que ces champs magnétiques ne provoquent pas de cancers chez les animaux de laboratoire, et n'ont pas de conséquences sur la santé des adultes, mais qu'il existe une très faible augmentation du risque de leucémie infantile chez les enfants qui sont exposés, sur le long terme, à des champs magnétiques dont l'intensité est comparable à celle qui existe à proximité des lignes à haute tension.
Les études ont montré que le risque de leucémie chez l'enfant est statistiquement corrélé à l'exposition aux champs magnétiques de très basses fréquences, à partir d'une intensité d'exposition de l'ordre de 0,4 microtesla, valeur retrouvée, par exemple, dans les habitations très proches des lignes à haute tension. Mais, si l'on a trouvé une corrélation entre ces deux données, on n'a pu mettre en évidence aucun lien de causalité: on n'a pas pu montrer que ce sont les lignes à haute tension qui expliquent l'augmentation du risque de leucémie chez l'enfant extrêmement faible (un cas de leucémie infantile supplémentaire par an dans une population de 35 millions de personnes.
Beaucoup d'autres facteurs sont connus ou soupçonnés de favoriser la survenue d'une leucémie chez l'enfant, par exemple les radiations ionisantes, certaines infections, les pesticides, l'exposition à divers agents chimiques, ou encore des facteurs de prédisposition génétique.
Aucun autre effet n'a été trouvé, et cette augmentation infime des leucémies infantiles n'existe probablement pas, mais on ne peut pas l'affirmer non plus.

Venons en aux téléphones portables et à la wi-fi et aux antennes-relais.
Cette exposition aux fréquences radio engendre une certaine inquiétude, surtout si l'exposition est imposée et non volontaire, entretenue par des rapports scientifiques dont les contenus sont mal restitués, controversés et discutables, tout autant que par des témoignages alarmistes et des discussions sans fin dans les médias.
En effet de nombreuses études font état de la propriété des radio-fréquences (comme des micro-ondes de votre four), d' induire des effets thermiques dans un organisme exposé à
des intensités de champ importantes.
Ces effets thermiques expliquent la plupart des effets biologiques recensés, qui résultent de l'augmentation de la température locale des tissus soumis à "l'effet micro-ondes" : la molécule d'eau est polaire, c'est-à-dire que ses charges électriques sont inégalement réparties, formant un dipôle, qui, à haute fréquence d'un four à micro-ondes, ne peut suivre les oscillations imposées par le champ extérieur. Les frottements entre les molécules (dus aux liaisons hydrogène, entraînent un échauffement de l'eau. (et nos tissus sont formées environ au 3/4, d'eau)
Divers mécanismes biochimiques en sont perturbés. Ils y a donc dans votre four micro-onde des sécurités pour vous empêcher d'exposer un membre, et il n'est pas recommandé d'y faire sécher votre chat !!
Mais les antennes émettrices et toutes les autres sources d'émission de radio- ou de télécommunication (Wi-Fi, par exemple), n'exposent qu'à des intensités trop faibles pour causer le moindre échauffement thermique.
Si on connaît les effets biologiques d'intensités suffisamment fortes pour entraîner des effets thermiques sur des cellules ou sur des animaux, on ne peut pas extrapoler ces résultats aux expositions non thermiques auxquelles nous sommes confrontés au quotidien.
Pourtant, ce pas est souvent franchi, généralement par ignorance.
En ce qui conceme les champs électro-magnétiques de la téIéphonie mobile, seuls les effets non thermiques, possibles mais très controversés, sont donc à prendre en considération.
Plusieurs centaines d'études effectuées jusqu'à présent et publiées dans des revues scientifiques de qualité montre que le bilan global est très nettement en faveur d'une absence d'effets.
Ces études ont porté sur le matériel génétique, Ia fonction immunitaire, l'expression des gènes et la production des protéines, les voies de signalisation dans les cellules, l'oxydation et lamort programmée des cellules. Sur l'animal on a recherché les conséquences sur la durée de vie, le poids corporel ou l'apparition d'une maladie, notamment d'un cancer, ainsi que sur les
effets possibles des champs électromagnétiques sur la barrière hémato-encéphalique (un filtre très sélectif qui protège le cerveau contre d'éventuels agents pathogènes contenus dans le sang).
Toutefois, étant donné que l'introduction de la téléphonie mobile est relativement récente, et que le cancer et les tumeurs bénignes du cerveau sont des maladies qui se développent très lentement, il est trop tôt pour conclure quant aux effets à long terme.
Seules des études portant sur une vingtaine d'années ou plus permettront de clore définitivement ce débat.
C'est pourquoi il a été recommandé d'éviter pour les jeunes enfants, une exposition prolongée aux téléphones portables, dans l'éventualité d'un éventuel cancer du cerveau, mais qui, en aucun cas ne résulterait d'échauffement qui sont inexistants.
Parmi les études réalisées sur des sujets humains, beaucoup ont porté sur l'hypersensibilité aux champs électromagnétiques, certaines personnes se plaignent de
symptômes non spécifiques qu'elles attribuent à une exposition aux champs électromagnétiques, et qui apparaissent à des niveaux d'exposition qui ne causent
aucune réaction chez la majorité des gens.
Dans certains cas, les personnes sont tellement affectées, qu'elles s'isolent, sont contraintes de cesser de travailler et changent leur mode de vie. D'autres personnes rapportent des symptômes moins graves variés : maux de tête, vertiges, accélération du rythme cardiaque, troubles intestinaux, fatigue, picotements .....
Malgré un grand nombre d'études en laboratoire ou en milieu contrôlé, cette hypersensibilité n'est toujours pas établie. La plupart des études sont négatives et ne permettent donc pas d'établir un lien causal, direct, entre les plaintes et l'exposition aux champs électromagnétiques.
Dans certains cas il existe un effet placebo manifeste, c'est-à-dire que ces personnes se sentent malades, parce qu'elles sont persuadées de la nocivité des champs auxquels elles sont exposées.
En définitive il semble bien que téléphones portables, antennes et à fortiori la wi-fi, soient sans danger. Les effets thermiques dont les médias se régalent, ne peuvent avoir lieu aux niveaux de champs correspondants. Mais on ne peut avoir de certitude absolue en ce qui concerne d'éventuels cancers du cerveau, dûs à des effets non thermiques inconnus, car les temps de latence sont de 15 à 20 ans et l'utilisation massive des téléphones portable est récente.
C'est ce qui a motivé les recommandation de limitation d'usage très prolongé (des heures) avec le téléphone près de l'oreille de jeunes enfants.