Certains de mes correspondant(e)s me demandent ce que je pense de l'élection présidentielle.
Je ne suis pas un admirateur inconditionnel de monsieur Hollande. Mais j'ai eu l'occasion il y a une trentaine d'année de le voir plusieurs fois, car l'entreprise où je travaillais l'intéressait, et je pense que c'est un homme intelligent, travailleur et surtout honnête; pour un homme politique c'est déjà pas mal.
Fera t'il des miracles, je ne le pense pas. Il essaiera de faire pour le mieux et je n'aimerais pas être à se place; j'espère qu'il arrivera à faire repartir la croissance, car c'est le seul moyen de diminuer le chômage.
De toutes façons il ne peut faire pire que Sarkozy.
Vous savez que je ne suis pas non plus un admirateur de notre président sortant.
Certes je lui reconnais un grand dynamisme, une grande capacité de travail (mais pas du "vrai" travail), et d'agitation communicative. Le sens des responsabilités également, car il assume, même ses erreurs.
Malheureusement il a fait beaucoup de vent, mais a réalisé peu de choses efficaces; beaucoup de paroles et de promesses mais les résultats n'ont pas suivi.
Bien sûr il y a la crise, mais c'est une bonne excuse, car elle n'explique pas la plupart des mauvais résultats.
Un vrai patron ne peut pas tout connaître, mais doit savoir obligatoirement faire quatre choses :
- d'abord s'entourer de gens compétents dans les domaines où un travail va leur être confié.
- ensuite il doit donner des directives de politique générale, mais il doit en déléguer ensuite à ses subordonnés l'exécution, en se contentant de surveiller si les objectifs sont atteints et quand cela se passe mal, voir alors pourquoi.
- il doit écouter ce que lui disent ses collaborateurs et observer l'environnement avant de prendre des décisions.
- pour élaborer ses directives, il doit être orienté ver l'avenir, essayer de prévoir à long terme et ne pas s'embarrasser de détails.
Il doit être extrêmement pragmatique et avoir beaucoup de bon sens et de logique.
Or monsieur Sarkozy ne remplissait aucune de ces conditions : il s'est entouré de ministres ignares, dépourvus de culture générale et souvent incompétents dans leur propre domaine : seuls monsieur Juppé et madame Kosciusko-Morizet étaient à la hauteur.
Il s'occupait de tout et s'embourbait dans le détail des affaires. Il était le nez dans le guidon : son manque de vision à long terme et son manque d'écoute l'ont emmené dans de nombreuses contradictions.
Il vivait dans sa bulle, dans son monde de riches et n'a pas vu la dégradation de la France et la montée de la pauvreté. Il était prisonnier du monde des finances.
J'étais au départ tout à fait d'accord avec lui sur le fait qu'il fallait réformer beaucoup de choses : retraites, enseignement, fiscalité trop complexe, fonction publique trop chère et pas toujours efficace, sécurité sociale ... mais surtout lutter contre le chômage.
J'étais d'accord aussi sur le fait que ces réformes devaient aboutir à un coût moindre, une meilleure efficacité, mais qu'elles devaient être bénéfiques pour la nation et les français.
Ces réformes ont été faites, mais les solutions appliquées mauvaises et pas réalistes.
Les problèmes de retraites sont loin d'être résolus et les réformes ont été effectuées au détriment de ceux qui ont travaillé le plus et dans des conditions pénibles.
L'Education Nationale et les hôpitaux ont été détruits progressivement et sont exangues.
Les réformes de la sécurité sociale ont introduit des soins à deux vitesses, sans conséquences pour les plus riches et au détriment des plus pauvres. Dans notre système de santé, la carte bleue est en passe de remplacer la carte vitale.
Le logement est largement insuffisant et les loyers ont beaucoup augmenté.
Le chômage s'est considérablement aggravé et les chômeurs étaient méprisés par le gouvernement, qui les traitait d'incapables et de fainéants. Or tout l'équilibre financier de la Nation est perturbé s'il y a un chômage important, car ce sont des rentrées d'argent (impôts, cotisations sociales, achats...) qui manquent;
Certes il n'a pas augmenté les impôts sur le revenu, mais les impôts locaux ont cru fortement, l'Etat se déchargeant de ses tâches sur les collectivités locales, et la dette du pays est devenue beaucoup plus importante durant ces cinq ans.( + 600 milliards à la fin 2012 par rapport à 2007).
Bref je ne pleurerai pas un président qui n'était que celui des puissants et des riches et non celui de tous les français et qui avait comme méthode de direction celle des financiers dans les entreprises qu'ils dirigent : diviser pour régner en montant les unes contre les autres les personnes d'opinions et de métiers différents. C'est la méthode que l'on pratique quand on n'est pas capable de rassembler et de motiver toutes les personnes, ce qui est pourtant beaucoup plus efficace.
Par contre je trouve qu'il a accepté sa défaite avec responsabilité, fairplay et courtoisie, et j'ai été agréablement surpris.
Je souhaite donc à monsieur Hollande de ne pas faire les mêmes erreurs.
J'espère qu'il arrivera à réduire le chômage, car c'est la chose essentielle pour tous et qu'il réduira l'emprise des financiers sur notre pays.
On saura cela dans cinq ans.