
J’ai reçu il y a quelques jours cette question de Croque-framboise qui étant étudiante en médecine, s’intéresse évidemment aux aspects biologiques de nos manifestations extérieures :
“ ...Peut-être as-tu déjà répondu à cette question dans un autre de tes articles sur le rêves : les enfants font très fréquemment des rêves de monstres et de situations menaçantes. Je me souviens petite, que chaque soir, je redoutais l'heure du coucher où invariablement pendant une période, je faisais cauchemar sur cauchemar, parfois en me réveillant, j'avais l'impression d'encore sentir le souffle chaud du monstre qui venait de m'avaler. Je pensais que toutes les nuits seraient comme ça. Et puis, comme tout le monde, ça m'est passé en grandissant,bien que je me rappelle encore fréquemment de mes rêves, qui sont plus "loufoques" et moins "méchants".
Alors, pourquoi les enfants font-ils des rêves comme ça ? Est-ce que les adultes en font toujours mais ne s'en souviennent plus ? Est-ce que c'est dû au cerveau en "formation" des enfants ?...”
C’est une question difficile, mais j’aime cela et je vais donc essayer de répondre. Mais je te préviens Croque Framboise, en bon chercheur, j’ai commencé par regarder ma doc et je n’ai presque rien trouvé, si ce n’est des recommandations de médecins. Alors une partie de ce qui suit correspondra à des hypothèses personnelles non avalisées scientifiquement.
Que sait on dans ce domaine.?
Je vous ai dit à plusieurs reprises que, en simplifiant, le tronc cérébral et le thalamus rythmaient notre sommeil et que se succédaient des périodes de sommeil de plus en plus profond où la fréquence d’interrogation de nos sens par le thalamus de 80hz et de décharge des neurones sensitifs de 40 Hz baissaient progressivement jusqu’à quelques Hz (en changeant d’ailleurs de forme d’onde)
Pendant cette période le cerveau élimine en vrac des tas de données emmagasinées et en cela on a une “activité onirique”, mais on ne fait un “rêve” dont on se souvient, que si on est réveillé brutalement par un événement extérieur.
Après chaque période de sommeil profond existe, de plus en plus long au fur et à mesure que la nuit avance, une phase de sommeil paradoxal pendant laquelle la fréquence du thalamus est légèrement inférieure à celle pendant l’éveil, et où nos sens fonctionnent, mais sans perception extérieure et sans conscience du cortex frontal; par ailleurs l’ensemble des muscles à partir du cou sont entièrement relâchés. C’est une période onirique par excellence et le dormeur a plusieurs fois des “microréveils” pendant lesquels l’état de demi-conscience lui permettra de se souvenir qu’il a rêvé, mais une partie de ce souvenir est une “construction” du cortex qui cherche à expliquer logiquement une successions de sensations “évacuées de façon aléatoire”.
Que constatent les médecins chez les jeunes enfants :
Les terreurs nocturnes :
Durant les premières heures de sommeil il arrive que l'enfant semble se réveiller, complètement affolé, le coeur battant, les larmes aux yeux appelant sa mère. Il tient des discours incohérents de quelques mots et si on lui pose une question, il ne répond pas.
Ces terreurs nocturnes se déroulent en fait en phase de sommeil profond. L'enfant dort toujours malgré le fait qu'il se redresse dans son lit et parle. Le lendemain il n'a plus aucun souvenir de l'événement de la nuit.
Ces terreurs nocturnes sont en fait des troubles de l'éveill brusque durant le sommeil profond. On peut comparer ce phénomène a une grande peur chez l'adulte : celui-ci se réveillera pour tenter de se calmer. Cependant, chez l'enfant, il n'est pas rare que la terreur nocturne ne le réveille pas pour autant : l'enfant dort toujours, et contrairement à la croyance populaire, il est bon de ne pas essayer de le réveiller car il se calmera au bout de quelques minutes et oubliera l'événement.
Un réveil forcé risquerait de mettre l'enfant mal à l'aise plus longtemps.
Il est donc inutile de s'alarmer, c'est une chose parfaitement normale. La fréquence des terreurs nocturnes est maximale de trois à quatre ans jusqu'à six ans environ.
Je n’ai trouvé aucune explication neurobiologique de ces phénomènes dans ces articles. Je pense qu’en fait le cerveau de l’enfant, comme son expérience de la vie sont tout neufs et donc il découvre beaucoup de choses, certaines dont il ne comprend pas le sens ou qu’il interprète mal.
Les enfants ont quotidiennement des tâches énormes d'apprentissages cognitifs, sensoriels et émotifs. Ils sont littéralement noyés d'information, d'affection, de nouveautés.
Le cerveau qui, par mesure de précaution évacue le maximum de choses inutiles, non comprises ou traumatisantes, a fort à faire dans les premières années.
Des faits parfois envahissants et ayant un impact négatifs sont évacués en vrac et provoquent des réactions pendant des microréveils trop courts pour amener un enfant à la conscience. Pour comprendre il faudrait enregistrer la fréquence du thalamus pendant ces périodes, mais je n’ai pas trouvé ce renseignement.
Les cauchemars des enfants et ados.
Les cauchemars se déroulent lors de microréveils ou de réveils plus longs, dans les phases de sommeil paradoxal les plus intensément oniriques, généralement au petit matin, entre 3 et 6 heures.
Images et histoires ne sont pas cohérentes, (ce sont des “évacuations en vrac”), mais le rêve, activité onirique dont on se souvient, implique un retour en phase d’éveil et de conscience du cerveau, qui va tenter de reconstruire l’histoire et la rendre cohérente (avec en général un succès tout relatif!!). L’enfant apeuré pourra décrire précisément le cauchemar qu’il a vécu.
Il est en effet prouvé que les enfants font plus de cauchemars que les adultes.
Là encore je n’ai pas trouvé d’explications neurobiologique sur le fait que les enfants aient plus fréquemment, des rêves plus terribles que les adultes.
Comme le dit Croque-Framboise, ils sont en pleine évolution psychologique et en pleine croissance cérébrale. Les cauchemars, malgré leur aspect effrayant, ont une utilité pour eux. Ils leur permettent d’évacuer les tensions et les conflits de la journée ou ceux auxquels ils sont en proie à un moment donné de leur évolution.
Ils évacuent les conflits avec les parents, ou avec les frères et soeurs, les camarades, le premier apprentissage de la maternelle ou du primaire, la nécessité d’obéir au parents et aux maîtres.
Pourquoi des rêves de monstres ?
Tout simplement parce qu’un enfant en voit beaucoup dans les dessins animés et les livres, alors en dormant, il élimine ces images qui ne correspondent pas à la réalité. Et le cortex frontal, qui veut des explications logiques aux rêves lui fait croire qu’il ne sont venu là pour leur emploi normal : manger les autres.
Ce ne sont que mes explications, mais si vous me démontrez que j’ai tort, je suis prêt à en adopter d’autres, mieux fondées.