

Très souvent des correspondantes me racontent leurs déceptions amoureuses, notamment quand leur ami les a quittées.
Sur le moment c’est une épreuve difficile qui engendre de la souffrance et j’essaie d’apporter un peu de baume sur la plaie.
Evidemment les réactions sont très diverses, car elle dépendent de la personnalité de la personne, mais aussi de celle de son amoureux, et puis de la véritable nature de leur lien, de sa profondeur, de sa durée et de ce qu’il apportait à chacun.
On ne peut donc trouver un “remède anti-rupture”. Il faut s’adapter à chaque cas,, acouter, essayer de comprendre et de trouver quelle pourrait être la source d’apaisement.
Il y a quand même un facteur qui permet de tourner la page : le temps et l’occupation qui peut en être trouvée.
Cependant une constatation que je fais souvent, c’est, à côté de la souffrance sentimentale, d’une part un sentiment de vexation et d’offense, d’être bafouée, mais c’est le moins grave, mais souvent d’autre part une véritable remise en question de son propre être.
Il a rompu, il l’a quitté, et elle ne sait plus qui est et erre, sans but, avec un sentiment de vide total.
J’ai trouvé récemment un article sur une étude sur ce sujet, qui m’a conforté dans mes idées.
Cet effet de « perte de clarté de l'image de soi », effet le plus grave de la rupture sentimentale a été mis en évidence par Erica Siotteret ses collègues de l'Université de Northwestern, en étudiant l'évolution des sentiments de 182 étudiants âgés de 16 à 19 ans ayant un chagrin d'amour
Ces psychologues ont constaté deux attitudes possibles chez ces adolescents :
La premier n’a pas des conséquences graves.. Les amoureux déçus se remettent en question, portent un autre regard sur eux-mêmes, abandonnent leurs anciennes croyances. Souvent, ils changent d'habitudes vestimentaires, d'activités de loisir. Ils souffrent, certes, mais moins que ceux qui subissent une perte de « clarté de l’image de soi ».
Ceux là ne savent plus qui ils sont. L'adolescent n'arrive plus à se définir, que ce soit par des objectifs, des goûts, des convictions. Il ne voit plus l’avenir et à peine le présent.
Il se définissait en partie à travers l'autre. Cette histoire prenant fin, la construction s'écroule et fait place à une incertitude : qui suis-je ?
De fait, les statistiques réalisées sur ces adolescents semblent indiquer que le degré de détresse psychologique est directement relié à cette perte de clarté davantage qu'au changement d'image de soi elle même.
C’est le brouillard, l’obscurité qui fait peur, plus que le changement , et une nouvelle orientation.
C’est une constatation intéressante pour appréhender la gravité de la crise traversée.
Lorsqu'un adolescent change de perception de lui-même après une rupture, pourvu qu'une nouvelle perception claire émerge, c'est un moindre mal, et peut-être même une évolution nécessaire pour tourner la page.
En revanche, s'il ne parvient pas à élaborer une nouvelle image de lui-même, si sa personnalité semble se dissoudre et laisser place au vide, il faut être conscient que sa détresse est grande.
Ce petit diagnostic me semble intéressant et je pense que je le garderai présent à l’esprit pour ne pas sous-estimer l’importance du mal.
C’est vrai que celles qui ont “guéri” le plus vite sont celles qui ont fait une “colère” contre leur petit ami qui n’avait pas été très correct, et qui ont transformé leur amour en une “petite haine” et du coup ont tourné la page et se sont remis à vivre sans se sentir ainsi perdues, en retrouvant foi en l’avenir..
Celles qui ont mis le plus de temps à s’en remettre en faisant une mini-dépression sont celles qui étaient totalement “paumées”, ne sachant plus que faire, ce qu’elles faisaient sur cette terre, quel était leur avenir.
L’objectif alors c’est de les aider à y voir plus clair en elles mêmes, en leur devenir et de repartir de leur ancienne image et de s’en forger une, un peu différente, en fonction de ce qu’elles ont vécu, en écartant remords et regrets.
Bonne journée
Marie