
Plusieurs correspondant(e)s me demandent de parler à nouveau des retraites.
Mais l’un d’entre eux, choqué par mon propos un peu leste sur l’UMP, me traite de “gauchiste”, ce qui m’a beaucoup amusé.
Je n’aime pas parler de moi parce que cela n’a guère d’intérêt dans ce blog, mais je vais faire une exception. En fait les 15 dernières années avant ma retraite, j’avais la responsabilité d’une quinzaine d’établissements industriels qui comportaient entre 500 et 2000 personnes chacun et faisaient études et fabrications de grosse industrie.
Mais c’était l’époque où les entreprises étaient souvent dirigées par des ingénieurs, qui savaient ce qu’étaient les ateliers et le travail des techniciens et ouvriers. Ils savaient certes que l’entreprise devait être rentable, mais ils considéraient aussi qu’elle doit fournir des emplois aux hommes et que ce sont eux qui font la qualité du travail et ont droit aussi à un peu de satisfactions et de bonheur..
Aujourd’hui ces mêmes entreprises ont bien changé, ce sont des financiers qui les dirigent, qui veulent faire le maximum de profit et pour lesquels les hommes ne sont que des pions sans âme.
Alors on pourrait dire que je suis “un patron de gauche” et je ne renie pas cette appellation, bien que je ne pourrai jamais appartenir à un parti politique quel qu’il soit, car j’ai horreur qu’on me dise ce que je dois penser et faire, et si j’étais député, je serais prêt à voter des lois de droite comme de gauche si je les trouve justes et à voter contre, quelque soit leur origine, si elles ne me satisfont pas.
C’est justement ce manque de liberté qui ne me plaît pas à l’UMP actuel et qui me faisait dire méchamment que ce parti ressemble à un mauvais cassoulet : une petite saucisse qui fait le dictateur, un peu de poulet à l’Intérieur car les sauces “manif et manouche” sont réputées mauvaises, et beaucoup de fayots autour, qui ne savent dire que oui et admirer.
Laissons là cette polémique stérile et parlons des retraites.
Comme la plupart des gens je pense qu’une réforme des régimes de retraite est indispensable. L’espérance de vie a considérablement augmenté en 50 ans et donc les durées pendant lesquelles on paie les retraites sont plus longues et il y a donc un déséquilibre évident.
Le déséquilibre est accentué (comme pour le déficit de la sécu), par le fait que le chômage limite les cotisations versées aux seuls actifs.
Que l’âge de la retraite soit reculé ne me choque pas, mais il faut alors examiner le cas de tous ceux qui ont un travail pénible.
Je crois qu’il faudrait examiner la solution aussi de l’augmentation des cotisations, salariales mais aussi patronales, et sans doute augmenter le nombre d’annuités requises, mais en laissant partir sans condition d’âge, ceux qui les ont obtenues (ils ont versé leur dû).
Et on devrait présenter un bilan précis des recettes et dépenses ce que je n’ai pas encore vu faire de façon claire.
Mais ce n’est pas le contenu de la loi qui me choque le plus, mais c’est la façon de la mettre sur pied.
Toute personne qui a dirigé une équipe sait que pour obtenir son adhésion à un projet, il faut l’expliquer, le discuter, le négocier et que chacun y trouve son compte tout en faisant des concessions : c’est ce qu’on appelle une négociation “gagnant-gagnant”. Toute négociation où il y a un perdant est vouée à l’échec et donc au passage en force et aux conflits.
Le gouvernement actuel et notre président sont d’une ignorance “crasse” à ce sujet.
Vouloir imposer arbitrairement une loi sans tenir compte une seconde de l’opinion des autres ne pouvait que conduire à la situation actuelle, et les syndicats ne pouvant se faire entendre n’avaient pas d’autre issue provisoire que l’épreuve de force.
L’opinion publique ne s’y trompe pas quand on voit qu’elle soutient à 70 % les grévistes.
Je ne comprends donc pas la position de “surdité” de l’UMP et c’est pour cela que je la critiquais méchamment, mais je ne comprends pas plus la position de l’opposition.
Je comprends qu’au départ elle soutienne le mouvement, mais à partir du moment où le gouvernement s’obstine comme un âne, on est dans l’impasse et rester ainsi aussi dans l’obstination inverse et déclarer que si l’on parvient au pouvoir, on ramènera la retraite à 60 ans est irresponsable; c’est de la démagogie à la petite semaine.
J’aurais été le chef de l’opposition, j’inciterais maintenant à la fin du conflit et je rassemblerai au vu de tous, syndicats, patronat et députés de gauche, mais aussi ceux du centre et de l’UMP qui oseraient venir (en subissant les foudres de Sarkozy) et je les mettrais tous autour d’une table pour étudier pendant un an un projet de réforme des retraites, qui examine toutes les solutions possibles pour en sortir avec des bilans financiers précis, et, une fois un compromis obtenu, j’expliquerai cela ensuite de façon claire à la population en vue des élections de 2012, en disant que c'est ce que j'appliquerai si j'étais élu à la place de Sarkozy.
Je crois que les français apprécieraient une politique constructive et responsable. qui essaie de résoudre les problèmes, de faire des réformes, mais en essayant de tenir compte de l’opinion de tous, qu’on ne peut bien sûr satisfaire totalement, mais au moins on peut alors expliquer pourquoi on doit faire des compromis.
Quand j’avais la responsabilité de mes établissements j’ai toujours trouvé en face de moi des syndicalistes intelligents et responsables. Ils savaient qu’ils ne pouvaient tout obtenir et comprenaient les contraintes, mais dans une discussion honnête où on les écoutait et où l’on tenait compte de leur avis, ils savaient eux aussi faire les concessions indispensables et on a toujours ainsi évité les conflits.
Nos dirigeants actuels sont de mauvais meneurs d’hommes, car on n’obtient jamais rien en méprisant son adversaire et en refusant la concertation.
un coucou en passant par ici en ce dimanche.
A+ d' Emmanuel