
Je voudrais aujourd’hui terminer mes articles sur l’anorexie en parlant de celles de mes correspondantes qui ne sont pas vraiment anorexiques, mais qui, lorsqu’elles sont stressées cessent de manger ou bien suivent des régimes parce qu’elles se trouvent trop grosses alors que ce n’est pas le cas.
En fait ce ne sont pas de vraies anorexiques, mais elles risquent de le devenir. En effet, l’anorexie survient fréquemment à la suite d’un régime amaigrissant.
Le culte excessif de la minceur conduit les jeunes filles à se préoccuper de plus en plus de leur poids. Elles ont tendance, poussées par les articles des médias qui nous montrent des mannequins longilignes et squelettiques, à mal apprécier leur réelle image corporelle : elles se trouvent toujours trop grosses et ont peur de prendre du poids, alors qu'elles sont déjà minces ou même maigres. .
La maigreur se définit par un indice de masse corporelle (rapport du poids sur la taille au carré) inférieur à 18. Ainsi, si l’on mesure 1,65 m, on est maigre au dessous de 50 kg. Et on n’est pas vraiment grosse au dessus de ce poids.!
Quand j’ai affaire à des jeunes qui ont simplement envie de suivre un régime de façon ainsi erronée, j’ai du mal à les raisonner car elles considèrent vraiment qu'elles sont trop grosses. Cette vision de leur corps est une réalité, qu'elles ne mettent pas doute ; les bonnes paroles leur affirmant le contraire sont donc sans effet. La prise d'aliments est vécue comme une agression, alors que le jeûne qu'elles s'imposent est souvent vécu comme du plaisir.
Je n’ai pas d’autre solution que de leur expliquer d’abord ce qu’elles risquent : leur tendance peut mener à l’addiction. L’anorexie est à craindre lorsque le trouble devient chronique et porte sur un grand nombre de repas. Elle risquent également des troubles hormonaux importants.
Comme elles ont un peu peur, elles acceptent de parler de ce problème, d’autant plus que pour ces adolescentes qui n’acceptent pas leur corps, internet permet de parler sans affronter le regard des autres, et on discute sur une de leurs photos : je leur demande de m’expliquer ce qu’elles trouvent de désagréable dans leur image et on discute de ces avis et le plus souvent je peux leur démontrer qu’ils sont faux. Alors s’il n’y a pas de problème caché, tout renrtre dans l’ordre au bout d’un certain temps.
Une solution qu’a trouvée une de mes correspondante astucieuse, et qui d’ailleurs est utilisée parfois en psychothérapie comportementale, est d’apprendre à faire de bon petits plats, apprendre à apprécier le goût des aliments parce qu’on les a créés, qu’on leur a donné le goût qu’on souhaitait.
Ma correspondante me disait qu’elle était fière de réussir ainsi ces plats et qu’elle avait alors envie de les manger.
Toutefois, je constate souvent que ce souci de prendre du poids traduit une souffrance psychologique, ignorée par l’entourage, qui résulte en général d’un manque de confiance en soi et d’autonomie.
Lorsque l’on ressent un manque affectif, se priver de nourriture, comme se scarifier, permet d’attirer l’attention.
Les psychologues disent que ce trouble intervient souvent peu après la puberté, lors de profonds bouleversements : il constitue un "compromis" lorsque poussée de croissance, maturation sexuelle, et passage vers le statut d’adulte sont mentalement ingérables. Le comportement est alors souvent lié à une hyper-activité, physique et intellectuelle, un hyper-investissement scolaire, une pauvreté relationnelle, une humeur dépressive.
L’adolescente chercherait, par des privations alimentaires, à atteindre son autonomie : elle tenterait ainsi de transférer sa dépendance vis-à-vis de ses proches (parents, amis…) vers la nourriture. L’abstinence serait alors une marque d’autonomie.
L’anorexie, (ou la scarification),par sa nature autodestructrice, permettrait à l’adolescente de prouver le contrôle qu’elle a de son corps.
Cette interprétation des psys me paraîit souvent assez juste même si elle n'explique pas tous les cas que j'ai rencontrés.
Heureusement si l’on arrive à résoudre les problèmes psychologiques, les troubles alimentaires disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. L’anorexie est à craindre lorsque le trouble devient chronique et porte sur un grand nombre de repas.
. Alors me demandez vous, comment agir dans ce cas.?
Je n’ai pas de recette miracle. Chaque cas est particulier, dépend de la personnalité de ma correspondante et de son environnement.
Déjà le fait que l’on s’intéresse à elle, à sa vie, à ses études à ses goûts, à ses pensées est positif. Un moyen de ne pas se renfermer sur soi-même, de reprendre un contact social… et de s’en sortir
Ensuite il faut surtout lutter contre le manque de confiance en soi ou une tendance à la dévalorisation. On peut examiner qualités et défauts et on s’aperçoit que chacun d’entre nous a des qualités qu’il n’exploite pas assez et des défauts qu’il peut corriger et que finalement il a des nombreuses capacités et peut agir sur sa vie beaucoup plus positivement qu’il ne le croit.
Souvent les jeunes voudraient éviter les relations difficiles et les conflits, surtout au sein de la famille, mais ils ne savent pas comment faire. Il y a des conseils simples et relativement efficaces dans ce cas.
Et puis parfois on rencontre des problèmes plus graves et là, le travail pour les résoudre est beaucoup plus long, mais je n’ai encore jamais dans ma vie, rencontré de cas désespéré.
Vous me demandiez dans vos mails, des conseils pour agir sur une amie à tendance anorexique, voilà ce que je pouvais vous dire, mais le plus important c’est sûrement l’amitié que vous pouvez lui apporter car il y a fort à parier qu’elle soit en déficit de tendresse.