
J'avais dit dans un article précédent que je parlerai de l'interprétation des rêves par Freud, qui apparaît aujourd'hui comme totalement périmée.
J'espère que cela intéressera ceux et celles qui ont peut être entendu parler de ces questions en cours de philo de terminale L.
Sigmund Freud était un psychiatre (et donc docteur en médecine) qui vivait autour de 1900 à Vienne. Il est confronté aux problèmes sexuels de son époque, mais chez une clientèle particulière et restreinte, principalement constituée de bourgeoises de cette ville qui avaient subi des traumatismes sexuels.
En tant que médecin, il a essayé d'utiliser les connaissances de neurobiologie de la fin du 19ème siècle, encore très frustres, mais il a eu le mérite de mettre en lumière d'une part la notion d'inconscient qui reste toujours valable, (la destruction du psychisme conscient sous la pression de l'inconscient est une évidence dramatique dans certains cas ), et d'autre part, celle de refoulement qui est plus contestée à la lumière des connaissances neurologiques modernes.
Par contre il a fait une construction intellectuelle du refoulement sexuel démesurée. Il n'apporte aucune justification expérimentale de ses théories et ses interprétations paraissent souvent biaisées pour conforter sa théorie, que réfute actuellement la neurobiologie récente.
Pour Freud, l'inconscient est une collection de pulsions angoissantes et incompatibles que la conscience doit maitriser et rejeter.
Après avoir remarqué que certaines hystéries semblent provenir de refoulements sexuels survenus dans l'enfance, Freud développe sa théorie sur le rêve, et en 1900, il publie son livre "Interprétation des rêves".
Il y explique le développement de la vie psychique par le refoulement de désirs sexuels au cours de la petite enfance. Les rêves réalisent ces désirs d'une façon détournée.
Il affirme que le petit enfant mâle est dominé par :
• un désir sexuel d'inceste : le complexe d'Oedipe.
• des pulsions de meurtre : tuer le père pour éliminer un rival sexuel.
• des pulsions d'anthropophagie : dévorer le père pour s'attribuer la force qu'il incarne.
• un désir inconscient de s'unir avec la mère et de retourner dans le sein maternel (régression). C'est une manifestation déguisée d'un désir sexuel refoulé.
Freud pensait que les pulsions étaient “stockées” dans ce qu'il appelait les “neurones phi “ , qu'elles étaient universelles, refoulées pendant l'enfance et provoquaient une accumulation de désirs inconscients qui poursuivent l'adulte toute sa vie, chaque individu se refusant, souvent avec violence, à prendre conscience de ses propres désirs sexuels infantiles réprimés.
A l'époque rien ne permettait d'envisager le rêve comme une fonction neurophysiologique, et on pensait que le cerveau se repose la nuit et que le rêve se produit au cours du sommeil léger qui précède l'éveil. Le rêve est alors une activité relativement incohérente des neurones pendant le retour de la conscience diurne. Les interprétations sont donc uniquement psychiques.
Pour Freud, le rêve est le gardien du sommeil, il le protège d'un réveil provoqué par l'irruption des désirs refoulés. Il est déclenché par l'émergence de ces désirs sexuels pendant le “sommeil léger” qui précède l'éveil et il réalise, d'une façon détournée, un désir réprimé et inconscient.
Censure, déplacement et travestissement sont les 3 mécanismes imaginés par Freud pour expliquer la formation du rêve et son apparence absurde.
Une censure psychique s'oppose à l'intrusion de ces désirs et elle utilise les pensées et les images des jours précédents, "les restes diurnes", pour donner un déguisement au désir et le rendre méconnaissable aux yeux du rêveur.
Ces désirs sont "déplacés", remplacés par d'autres images. Inversement, avec la censure et le délacement, Freud s'autorise à négliger le récit d'un rêve et à faire de n'importe quel rêve une preuve de désir sexuel refoulé en se basant sur un simple détail
Pour les disciples de Freud qui appliquent encore sa théorie psychanalytique, par ignorance des progrès de la neurobiologie, le rêve sert de point de départ à la découverte des arrière-plans psychiques refoulés du rêveur. Le rêveur commente lui-même les images de ses rêves. Peu à peu, il s'en éloigne et en vient à révéler à l'analyste ses arrière-plans inconscients et ses refoulements sexuels.
Dans le prochain article, j'essaierai d'expliquer pourquoi ces conceptions de Freud sont périmées, voire même fausses, compte tenu des connaissances que nous avons maintenant en neurobiologie et en particulier sur le rêve.
Je t'ai envoyé un petit email, j'éspère que ça ne te dérangera pas trop
Bonne journée,