
Depuis que j’ai publié des articles sur les rêves, plusieurs nouvelles lectrices m’ont posé des questions sur le rôle et l’utilité des rêvesauxquelles je n’ai pas toujours eu le tepms de répondre par mail. Alors je vais essayer de faire le point aujourd’hui et de répondre à ces demandes par plusieurs articles.
Aujourd’hui je vais faire un peu d’historique et parler de généralités.
Par la suite je montrerai l’effet du sommeil sur notre mémoire et la nécessité, surtout pour ceux ou celles qui font des études de dormir suffisamment pour permettre au cerveau de trier ses données.
Jusqu'au milieu des années 1950, les scientifiques pensaient généralement que le cerveau était au repos pendant le sommeil.
En 1953, à l'Université de Chicago, le physiologiste Nathaniel Kleitman et son équipe découvrirent que le sommeil comportait plusieurs phases dont certaines pendant lesquelless on observait des mouvements très rapides des yeux à différents moments du sommeil. Ils qualifièrent ces phases de “sommeil à mouvements rapides des yeux”.
Ils enregistrèrent l'encéphalogramme de 20 adultes, c'est- à-dire les signaux électromagnétiques oscillants qui résultent des décharges électriques des neurones cérébraux, et ils découvrirent que les ondes produites pendant certaines phases du sommeil ressemblent à celles produites lors de l'éveil, d'où le terme de “sommeil paradoxal”que lui donnera en France Michel Jouvet, en 1959.
Pendant l’éveil de nombreuses populations de neurones (notamment ceux d’interprétations des perceptions), déchargent à une fréquence de 40 hz et pendant le sommeil paradoxal cette fréquence est comprise entre 35 et 39 hz.
De plus, en réveillant les dormeurs durant les phases de sommeil, ils observèrent qu'elles étaient presque toujours associées à des rêves.
Dans les années 1960/70, Mircea Steriade, de l'Université Laval, au Québec, et d'autres scientifiques découvrirent que pendant des périodes connues sous le nom de sommeil à ondes lentes ou sommeil profond, de vastes populations de neurones sont actives de façon synchrone, au rythme régulier de une à quatre décharges par seconde.
Je vous ai expliqué ces phénomènes dans un article du 21 juillet 2007 dans la catégorie “éveil - sommeil”.
Donc le cerveau endormi ne se « repose » pas, que ce soit pendant le sommeil paradoxal ou pendant le sommeil lent.
Lorsque nous « encodons » de l'information dans notre cerveau, le souvenir correspondant doit être stabilisé et consolidé pour devenir durable.
S'il n'est pas régulièrement réactivé, il aura tendance à s'altérer jusqu'à ne conserver qu'une ressemblance lointaine avec sa forme originelle. Avec le temps, le cerveau semble décider de ce qu’il doit garder en mémoire.
Les effets du sommeil sur la mémoire ne se limitent pas à la stabilisation des souvenirs. Au cours des dernières années, des études ont montré que le processus de mémorisation se produisant durant le sommeil opère un tri qui nous conduit à ne retenir que les détails les plus marquants.
En 2006 notamment Jeffrey Ellenbogen professeur à la faculté de médecine de Harvard et chef de la division “sommeil” à l’hôpital du Massachussett a fait des études sur des rats et sur des hommes et a montré que notre cerveau traite activement les informations de la journée précédente durant le sommeil de la nuit qui suit cette journée.
Le cerveau, pendant notre sommeil, passe en revue les souvenirs récemment formés, en élimine une grande partie et pour ceux qu’il conserve, il les consolide et les classe de sorte qu'ils seront plus utiles le lendemain, plus résistants aux interférences dues à d'autres informations.
Le sommeil permet aussi d'identifier quelles informations valent la peine d'être gardées et de les renforcer sélectivement. Par exemple, lorsqu'une photo contient à la fois des éléments reliés à des émotions vécues et des éléments non émotionnels, le sommeil peut sauvegarder les premiers, et laisser s'effacer l'arrière-plan moins pertinent. Il peut analyser des séries de souvenirs, découvrir les relations qui les unissent ou identifier ce qui fait leur importance, tandis que les détails superflus disparaissent. Il n'est pas impossible qu'il nous aide même à trouver un sens à ce que nous avons appris.
Je donnerai davantage de détails sur cette étude dans mon article de demain.
Pour le sommeil paradoxal, je pense que l'on peut aussi rajouter le fait que le "paradoxal" vient aussi de l'état spécial du corps à ce moment-là. Le corps est complètement paralysé alors que le cerveau est très actif, on peut donc se réveiller au milieu d'un rêve (contrairement au sommeil à ondes lentes). D'où le côté paradoxal (du moins c'est comme ça qu'on m'avait présenté la chose).