
Je vous ai décrit la pyramide de Maslow. Certains d'entre vous m'ont demandé dans leurs mails : s'applique t'elle vraiment aux jeunes.?
En principe oui, mais j'ai pensé qu'il était néanmoins nécessaire de faire deux articles spécifiques des besoins des jeunes.
On voit souvent dans les médias un portrait assez sévère des adolescents : rebelles, opposants, provocateurs, violents ou à l'opposé timides, velléitaires, hésitants, maladroits....Toujours en grave opposition avec leurs parents.
Il me semble que ces assertions ne reposent sur aucune étude sérieuse. Il s'agit d'impressions, de bruits colportés, d'idées émanant des médias, de certains exemples particuliers que l'on généralise hâtivement, même quelquefois chez les psys.
Il n'existe pourtant que deux savoirs auxquels on peut faire confiance : la médecine (les psychiatres en font partie), et les sciences , dont certaines sont très expérimentales comme la neurobiologie, et d'autres, plus empiriques comme la sociologie, reposent sur des statistiques (à conditions que leurs auteurs soient rompus à cette technique)
Il n'y a pas d'étude sérieuse démontrant qu'il y obligatoirement opposition entre parents et ados.
Mais les ados oublient souvent que leurs parents les aiment, et pourraient parfois les comprendre et les aider.
Et les parents oublient que certains besoins chez les jeunes doivent impérativement être satisfaits (et il faut être deux ensemble, parent et jeune pour les satisfaire);
Ce sont ces besoins que je voudrais évoquer.
Vu mon âge, je me placerai évidemment plutôt du point de vue des parents, car, cela m'arrive souvent de me dire que si j'avais eu, il y a quarante ans, l'expérience que j'ai maintenant, j'aurais été certainement un meilleur père, bien qu'à l'époque, j'ai essayé de faire de mon mieux. Mais on ne voit souvent ses erreurs que lorsqu'on les a commises. (c'est cela l'expérience !!)
D'abord le besoin d'affection, d'être aimé pour soi même. Dans notre monde rude et quelquefois brutal, l'amour n'est jamais de trop.
L'adolescent (comme l'enfant qu'il a été et l'adulte qu'il sera) a besoin d'aimer et d'être aimé.
Les parents ont tendance à entourer l'enfant d'amour, puis, à avoir tout à coup une certaine pudeur quand il grandit et à ne plus dire à leurs ados qu'ils les aiment. C'est probablement plus tard, quand on est grand-parent et qu'on n'a plus la responsabilité “d'élever ses enfants” , que l'on regrette de ne pas l'avoir dit et montré plus souvent, aussi bien à ses enfants qu'à ses parents.
Subvenir à leurs besoins, encore moins accepter de satisfaire leurs envies et leurs caprices, les emmener dans de nombreuses activités, c'est s'occuper d'eux, mais cela ne remplace pas la démonstration d'affection.
J'ai été frappé par le nombre de correspndant(e)s qui ont l'impression d'être seul(e)s, et en réalité de ne pas être aimé(e)s, alors qu'elles ont de bon(ne)s camarades et surtout une famille qui les aime.
Bien sûr je sais que les médias font surtout “la promotion” du (ou de la) “petit(e) ami(e)”, mais je crois, là aussi qu'il y a dans ce désir, pour beaucoup d'entre vous, un besoin de tendresse inassouvi.
Le deuxième besoin est un besoin de sécurité.
Il y a, bien sûr la sécurité matérielle (le premier “étage” des besoins humains).
Mais ce que je voudrais aborder là, c'est la sécurité morale, celle qui permettra à l'ado d'évoluer intellectuellement et moralement vers l'adulte.
Elevés aujourd'hui, pour la plupart, dans une ambiance de grande liberté, sans les règles et les repères que leur imposait l'éducation “autoritaire” d'autrefois, les ados manquent de références, alors que, bien qu'ils aient soif d'autonomie, ils sont craintifs face au monde qui les entoure, et craignent de quitter le nid familial, où ils se sentent à l'abri.
Les références étaient données autrefois par le milieu social auquel on appartenait, par la culture et l'éducation, par une sorte de complicité au sein de cet environnement avec les parents et les copains.
Aujourd'hui au temps de la mixité, des voyages, et d'internet, cette référence n'a plus cours, et les parents sont devenus transparents et ne peuvent plus servir de “modèle”.
Les problèmes posés par les familles recomposées aggravent en général ce phénomène, faisant inconsciemment planer une insécurité sur l'enfant qui a vu, ou craint de voir, éclater le noyau familial.
J'ai constaté combien vous aviez une anxiété de ne pas être protégé(e), et parfois la confiance que vous m'avez donnée me semblait résulter du manque pour vous, d'un adulte “référent” auquel vous raccrocher, auquel vous puissiez demander conseil, quand vous vous sentez un peu perdu(e).
Je n'ai pas de remède à proposer. Mais je me souviens avoir eu lorsque j'étais ado, un grand-père qui m'expliquait plein de phénomènes, qui me faisait faire aussi bien des bricolages que des exercices théoriques et qui peu à peu, essayait de me transmettre son expérience d'homme et son savoir d'ingénieur en le mettant à ma portée. Et je l'admirais beaucoup et pourtant il ne m'a jamais grondé, mais m'adressait au contraire des encouragements chaque fois que je réussissais. Alors chaque fois que j'avais une difficulté, un doute, j'allais le voir.
(suite demain dans le prochain article pour les autres "besoins") .
Merci d'écrire des articles comme sa !
=)