
Mon article sur l'influence sur les jeunes, des médias et de la société de consommation, m'a valu quelques commentaires et surtout de nombreux mails, dans lesquels vous étiez d'accord sur le fond, mais vous me faisiez des remarques diverses et surtout vous vous montriez très “désenchantés” et doutiez de ce que la vie d'aujourd'hui pouvait vous apporter de bien.
Ce manque de confiance en la vie ne m'a pas étonné et il renforce les idées que j'exposais.
Paradoxalement il m'arrive de voir des jeunes de la DASS, qui sont relativement peu comblés et n'ont pas beaucoup de joies, et cependant ils attendent beaucoup plus de la vie que la plupart d'entre vous.
Vous avez l'habitude pour la plupart de ceux qui me lisent d'avoir à peu près ce que vous désirez, et, comme je le disais, un nouveau désir apparaît aussitôt, et si l'un d'entre eux ne se réalise pas, c'est contraire aux habitudes et c'est alors un désastre !!
Curieusement alors qu'au lendemain de la guerre, nous n'avions pas grand chose (juste de quoi manger et encore!) et que la télé, l'ordinateur, le téléphone portable, le CD, le DVD et la chaîne hifi, internet , mais aussi les matières plastiques, la sécurité sociale et la pilule n'étaient pas inventés, cette période devrait nous paraître catastrophique et pourtant les jeunes que nous étions semblaient plus heureux que vous n'êtes aujourd'hui.
Je cherche à comprendre et au fond je crois que vous vous trompez dans votre conception du bonheur.
Vous voyez le bonheur comme la satisfaction immédiate de tous vos désirs, comme une vie trépidante à l'image des films et séries télévisés, beaucoup d'amis sincères et fidèles qui vous écoutent et vous consolent, pour beaucoup de garçons, de nombreuses conquêtes féminines et pour beaucoup de filles, un petit ami aimant et fidèle.
Bien sûr il y a une partie de vrai dans cette conception, mais aussi un certain manque de réalisme, une certaine confusion entre le rêve et la réalité, entre la perfection que vous souhaiteriez, et un monde et des individus qui ne peuvent être parfaits.
Si les désirs sont trop vite satisfaits, on se sent obligé d'en avoir d'autres de moins en moins réalisables, et surtout leur satisfaction devient tellement banale qu'elle n'apporte que de moins ne moins de joie.
Le bonheur n'est pas fait de choses spectaculaires et ne résulte pas de la seule satisfaction de désirs, de la possession de biens ou de personnes.
Le bonheur est fait de petites joies de tous les jours, de satisfactions de ce que l'on a fait et réussi à faire, des attentions de votre entourage qui vous aime, ou de ce que vous apportez aux autres (“le plaisir le plus délicat est celui que l'on fait à autrui” disait La Bruyère), des choses belles que vous voyez, que vous entendez, que vous goûtez, que vous lisez, des sentiments et des émotions que vous avez vis à vis des choses et surtout des personnes.
“Carpe diem” disaient les Romains que je traduirai un peu librement par “profite des petites joies quotidiennes”.